L’organisme partenaire de la FSHC a aidé des centaines d’hommes à retrouver leur fierté et à redonner un sens à leur vie.

Un groupe de gars, regroupés autour d’un feu de camp, discutent tranquillement. On ne pourrait imaginer une scène plus débordante de masculinité.

Cependant, les 21 hommes réunis à l’Eagle Valley Retreat, située dans la pittoresque vallée Upper Squamish, ne sont pas là pour participer à des activités de consolidation d’équipe ou à une excursion de pêche.

Non, ils sont plutôt là pour guérir et grandir.

Ils participent à l’une des multiples retraites organisées par le DUDES Club, un organisme partenaire de la Fondation pour la santé des hommes au Canada qui vise à développer un esprit de solidarité et de fraternité dans les collectivités autochtones de la Colombie-Britannique. Créé en 2010 dans l’un des quartiers pauvres de Vancouver, le Downtown Eastside, ce groupe, dont le nom signifie Dudes United Defending Equality and Solidarity, a aidé des centaines d’hommes à retrouver leur fierté et à redonner un sens à leur vie. Certains d’entre eux ont repris contact avec leur famille ou ont renoué avec leur culture. D’autres ont réussi à vaincre leur dépendance aux drogues et à l’alcool, tandis que d’autres encore y ont gagné l’amour-propre nécessaire pour penser à améliorer leur santé.

Un groupe de gars portant un canot

« Ces hommes viennent souvent de familles et de communautés brisées. Certains ont beaucoup souffert et nous arrivent brisés à leur tour », explique Frank Cohn, le directeur du programme. « Pour plusieurs d’entre eux, rejoindre le club a marqué un tournant dans la reconquête de leur masculinité. Leurs rôles traditionnels de chasseurs-cueilleurs, de protecteurs de la famille n’existent plus. Ils doivent donc repenser leurs nouveaux rôles au sein de leurs communautés, après des décennies d’impuissance. »

Il est clair qu’il ne s’agit pas d’un club ordinaire. Une étude d’une durée de trois ans, menée par l’Université de la Colombie-Britannique, a révélé que les environnements sûrs et exempts de préjugés offerts par l’organisme jouent un grand rôle dans l’amélioration de la santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle des participants. Les hommes autochtones, dont beaucoup sont tenus à l’écart de la culture canadienne dominante, en tirent des avantages particuliers, notamment une confiance accrue envers les autres, un meilleur soutien de la part de la communauté et de leurs pairs, et un sentiment d’attachement encore plus grand à l’égard de leur patrimoine et de leur culture.

Le DUDES Club a tenu au moins 80 réunions en 2017, chacune accueillant jusqu’à 60 participants. Le modèle fonctionne si bien que des clubs satellites ont été formés dans neuf communautés de l’extérieur de Vancouver, dont Smithers, Kamloops et Prince George. Tous les clubs comptent des aînés parmi leurs membres et traitent généralement d’un sujet lié à la santé des hommes au cours de leurs réunions. Chaque rassemblement propose également une activité divertissante – une partie de bingo ou de la pêche sur glace, peut-être, ou encore un feu de camp comme celui mentionné plus haut – et invite les participants à partager un repas.

À la différence de l’initiative Change pas trop de la FSHC, qui cible le grand public canadien, le DUDES Club ne se concentre pas uniquement sur l’amélioration progressive de la santé des hommes. « Lorsque vous avez affaire à une population qui présente un taux de dépendance et d’itinérance aussi élevé, il y a bien d’autres questions urgentes sur lesquelles se pencher », explique Cohn. « D’ailleurs, si le club s’adressait à tous les hommes du Canada, il perdrait de sa valeur et de son attrait aux yeux des hommes à qui il vient en aide. Les hommes autochtones sont heureux que nous reconnaissions leur marginalisation au sein du système de soins de santé et leur relation historiquement difficile avec ce système. »

C’est pourquoi le Club a également noué des partenariats avec des groupes autochtones comme l’Autorité sanitaire des Premières Nations, et fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire appel aux ressources qui trouvent écho auprès de ses membres. « Des preuves démontrent que des autochtones vivaient déjà en Colombie-Britannique il y a 14 000 ans. Les populations se transmettent donc depuis longtemps un énorme savoir culturel et traditionnel en lien avec les pouvoirs de guérison du territoire sur lequel nous nous trouvons », ajoute Cohn.

Et parfois, ces pouvoirs de guérison se traduisent tout simplement par une discussion autour d’un feu de camp.

Pour plus d’information sur les événements à venir organisés par le DUDES Club, cliquez ici, écrivez au [email protected] ou composez le 778 244-8363.